Trente ans ! Ça fait trente années que la maison des jeunes existe ! Elle a été reconnue officiellement en 1987 par ce qui était le ministère de la communauté française, devenu aujourd’hui la fédération Wallonie Bruxelles.
Le temps passe !
Assurément deux mille gamins, arsouilles de tout acabit, mais pas seulement, ont fréquenté la MJ depuis sa création. Soyez certain que les banquettes en ont usé des fonds de culottes depuis autant d’années ! Un œil averti pourrait aisément s’apercevoir qu’une foule de sobriquets divers sont gravés ça et là, à même la brique et le bois des locaux. S’il subsiste quelques brocards pas si méchants que ça, les inscriptions les plus marrantes sont les additions d’initiales de prénoms. « Attention ! Je le grave à jamais pour tout le monde ! Moi Marie, je suis avec Didier ! » M + D. À dix centimètres de là, K + I, parce que vingt-cinq ans plus tard, Kévin a aussi voulu faire savoir à tous ceux de la maison son amour avec Isabelle. Kévin a eu la même idée que son père Didier.
Mais s’il devait y avoir une preuve incontestable de cette vie, ça serait sans nul doute la masse impressionnantes de photos entassées pêle-mêle au grenier, attendant le jour d’une exposition quelconque.
Justement ! Trente année de vie associative mériterait bien qu’on s’en occupe de ces photos, non ?
Le temps passe !
Nous continuons à alimenter le grenier à la moindre occasion. C’est devenu automatique, presque frénétique ! Comme si la vie de la maison en dépendait et qu’il fallait absolument marquer le passé d’une empreinte ineffaçable. Garder une trace, un souvenir, pour raconter !
À ce propos, il arrive de temps à autre que des pionniers de la MJ se
rencontrent au coin du bar. La quarantaine bien entamée et la tête remplie de souvenirs encore tout frais d’anciens combattants de la maison, il ne faut pas longtemps avant que l’un de ces quadragénaires puise dans sa mémoire une anecdote croustillante. Et chacun d’y rajouter le détail qui manque, voire même celui qui ne manque pas mais qui enjolive l’aventure à la limite du possible. Évidemment pour le plus grand plaisir de tous les auditeurs présents.
De toutes façons, si vous ne croyez pas celle-là, il y en a bien toujours une autre plus crédible pour vous chatouiller les oreilles.
Je sais que ces moments sont importants. Comme c’est important que des plus jeunes soient là pour les entendre et puissent se rendre compte que la mj reste un endroit de vies, d’histoires et d’aventures pas piquées des vers.
Le temps passe !
Parfois je me dis que tout ça peut s’arrêter du jour au lendemain ! Puis je me ravise et me persuade que non, qu’il faut construire la suite, c’est obligé ! Sinon tout ça n’aura servi à rien !
Si aujourd’hui il est évident que les maisons de jeunes, de manière générale, ne sont plus les endroits de référence des gamins de quartier, ceux qui continuent à venir régulièrement laisseront des marques, alimenteront les lieux par des actions, des projets, des engueulades, des bagarres, des amourettes, des cachotteries,… Qui finiront au grenier ! Et éclateront peut-être au grand jour
cinq, dix, vingt ans plus tard devant des jeunes ébahis par les exploits des anciens.
Les passeurs d’histoires s’occupent du temps !